L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

Carton rouge pour Jeunet. En un film (Amélie Poulain), il avait pourtant marqué le cinéma. Dans son nouveau film, il y a aussi de très jolies images et quelques incrustations en image de synthèse (en anglais) d'un bel effet. Mais certaines incrustations n'apportent rien et font artificielles (en 2D en tout cas). Surtout, aujourd'hui, je n'en peux plus du style Jeunet, reconnaissable dès le premier plan. Spivet est une coquille bien vide. L'histoire est totalement improbable, les enjeux sont inintéressants (road-trip peu emballant et final télévisuel caricatural). L'inventivité supposée du petit génie n'était qu'un prétexte, le cœur de l'histoire étant apparemment le drame ayant entraîné la perte de son frère ... Mais le voyage de Spivet est si improbable et si ennuyant qu'aucune émotion ne peut surgir.

Certains personnages irritent, Judy Davis et Rick Mercer notamment. D'autres sont simplement inutilisés (le personnage joué par Dominique Pinon ainsi qu'une bonne partie de la famille Spivet). Le jeune et très propret T.S Spivet a lui aussi du mal à convaincre, et encore on l'entend surtout par le biais d'une voix-off qu'on finit par ne plus supporter tant elle devient systématique chez le réalisateur.

En reproduisant éternellement les mêmes effets de style sur une histoire bien pauvre, Jeunet se caricature lui-même. Il n'est pas étonnant qu'il titre à rallonge son dernier film comme pour Amélie Poulain. Sauf que de parler de voyage "extravagant" et d'un Spivet "prodigieux" alors qu'il n'y a rien de dépaysant, rien d'original, c'est s'exposer à la raillerie.